jeudi 12 avril 2007

Les enjeux et défis de la convertibilité du dinar


Economie

SEMINAIRE D’AMEN BANK
Les enjeux et défis de la convertibilité du dinar passés au crible


Véritable tournant dans l’économie tunisienne, la convertibilité totale et imminente du dinar tunisien constitue, aux yeux de nombreux opérateurs locaux et étrangers, un créneau d’une importance cruciale. En ce sens qu’elle est porteuse de nouvelles opportunités d’investissements, de création d’emplois et d’une importante libéralisation. Quelles sont les mesures prises pour préparer cette convertibilité ? Quels sont les facteurs positifs et les dangers d’une telle entreprise ?
C’est autour de ces questions, entre autres, qu’Amen Bank a réuni jeudi à son siège des spécialistes du domaine pour débattre, avec franchise, de «l’entreprise et la convertibilité totale».


C’est avec un ton doctoral et plein d’enseignements que M. Ahmed El Kram, vice président-directeur général d’Amen Bank, a procédé à l’ouverture des travaux. Après avoir survolé les grandes lignes de la convertibilité du dinar, le vice-président a énuméré les avantages d’une telle entreprise tout en soulignant ses dangers. Au-delà des avantages dont la capacité de cotation du dinar tunisien sur les grandes places internationales et la suppression du contrôle de change, il est des dangers qui guettent cette convertibilité. C’est l’exemple de la fuite des capitaux, la spéculation, la fonction des banques qui change, la banalisation du contrôle de change …

Libéralisation financière
«Les nouvelles mesures de libéralisation et la refonte du code de change en vue de la convertibilité totale».
Tel fut le thème développé par M. Habib Essafi, directeur des capitaux à la direction générale des transferts et du commerce extérieur à la Banque Centrale de Tunisie. Le programme s’articule, selon lui, autour de quatre axes principaux. Primo, le parachèvement de la libération du compte courant. Au profit des entreprises, il y a la facilitation des règlements liés à la production et l’amélioration du dispositif d’allocation pour voyages d’affaires, et au profit des particuliers, entre autres l’augmentation du montant librement transférable au titre de frais à l’étranger … Secundo la progression dans la libération du compte capital, tertio l’amélioration et le renforcement du dispositif des comptes de résidents, quarto, la révision de la législation de change. Ce dernier volet consacre l’abandon des obligations de cession des devises et de déclaration des avoirs à l’étranger, le maintien de l’obligation de rapatriement des recettes en devises, la conservation des certaines limites et plafonds pour les investissements et l’habilitation du gouvernement à prendre des mesures de sauvegarde chaque fois que la situation l’exige.

Convertibilité
et défis à relever
«La convertibilité totale est la possibilité aux résidents ou non résidents d’échanger des biens et services et des actifs étrangers librement et sans entraves à des cours de change librement fixés par le marché».
C’est du moins la définition proposée par M. Housseïn Mouelhi, directeur général adjoint d’Amen Bank, au début de son intervention qui a porté sur «les marchés de capitaux en Tunisie : nouveaux défis à relever dans la perspective de convertibilité du dinar». Pour le directeur-adjoint, deux étapes sont nécessaires à la convertibilité totale. A savoir la liberté des échanges de biens et services (balance courante) et la liberté d’échanges de capitaux (compte capital).
Selon M. Mouelhi, la convertibilité n’est pas tellement un choix ; le véritable choix serait de l’accepter, de la gérer et de l’organiser aux mieux. Même si la convertibilité risque d’engendrer une perte de l’autonomie de la politique industrielle basée sur le protectionnisme, une perte de l’autonomie de la politique monétaire et financière, un risque d’instabilité financière de source exogène et de dollarisation de l’économie, il n’en demeure pas moins qu’elle permet d’intensifier la concurrence, l’ouverture de marchés de biens et services, l’efficacité industrielle et une grande discipline …
Malgré les défis à relever pour notre pays à savoir la maîtrise des créances accrochées et l’amélioration de leur couverture conformément aux normes de Bâle II et une meilleure capacité d’intermédiation et de transformation de ressources extérieures et locales, la tâche est de bon augure. Il n’y a qu’à s’inspirer des expériences du Chili et de la Malaisie dont les rating moody’s 2007 sont respectivement de A1 et A3, contre B aa 2 pour la Tunisie. Ce qui n’est pas mal.
Oumar DIAGANA

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