Par Naoufel BEN RAYANA (prof IHEC) : extrait du journal Tribune IHEC
C'est toujours avec un grand plaisir que je m'adresse aux étudiants surtout à travers « Tribune » que j'ai eu l'occasion de suivre dès ses premiers pas et à laquelle j'ai contribué dès ses premiers numéros. C'est pour moi une opportunité de dire « Bravo » à ses rédacteurs et surtout de rendre hommage à ses fondateurs (Chahrazed ABDALLAH, Mondher GHAZALI, Rached MAALEJ, Youssef BEN YOUSSEF…) qui étaient non seulement d'excellents rédacteurs et animateurs de Tribune mais également de brillants étudiants qui ont eu à confirmer, par la suite, leurs talents sous d'autres cieux (Dauphine, HEC Montréal, ENA…). Ils sont, en outre, des exemples à suivre pour beaucoup de nos étudiants qui, malheureusement, ne sont pas toujours aussi ambitieux que leurs aînés.
A ma question « pourquoi avez-vous choisi de faire des études à l'IHEC ? », une majorité écrasante de mes étudiants de première année ont donné des réponses très « terre à terre » du genre : « c'est pour trouver un travail assez facilement, c'est pour travailler dans telle ou telle institution… » Loin de moi l'idée de dénigrer telle ou telle profession (comme diraient les français : « il n'y a pas de sot métier ! »), mais à 18-20 ans, on peut se permettre d'être plus ambitieux voire carrément rêveur, même si par la suite, on remettra, de toute façon, les pieds sur terre. A entendre les étudiants de première année et à voir la détermination des diplômés de l'IHEC et de l'université tunisienne, en général, pour décrocher des inscriptions aux troisièmes cycles, on a l'impression que beaucoup d'étudiants étudient dans le seul objectif…d'étudier et d'avoir un diplôme en plus ! Mais l'arrivée massive de diplômés en gestion et dans les disciplines « parentes et alliées », montre que le diplôme n'est plus un sésame qui ouvre toutes les portes. Certes, il y a toujours un parent ou ami pour aider à décrocher un poste ici ou là, mais ce parent ou ami ne va pas faire le travail à votre place : sans un véritable « plus » (maîtrise d'une langue étrangère -anglais, espagnol, allemand…-, maîtrise des outils informatiques, de l'Internet, des techniques de communication orale et écrite, présence dans les associations, activités extra-estudiantines…), point de salut ! Avoir des mentions ne suffit plus : on ne vous demande pas d'avoir une super-intelligence, mais on attend de vous d'avoir ce que certains psychologues ont appelé « l'intelligence émotionnelle » qui n'est pas mesurable par un QI (quotient intellectuel) mais qui est la véritable clé de succès…dans la vie ! Il s'agit de cette capacité à s'entendre avec les autres, à convaincre, à négocier, à avoir de l'humour, à mettre en action ses émotions, à être accepté pour soi, c'est à dire pour ses qualités humaines et non pour ses diplômes, son pedigree ou son argent. Un diplôme HEC n'est pas un certificat de métier, contrairement à celui d'un médecin ou d'un architecte. Ce n'est qu'un certificat d'aptitude (en principe) à la prise d'initiative et à la résolution de problèmes qui pourraient se poser dans les entreprises. Pour les futurs diplômés que vous êtes, vous imposer sur le marché est une entreprise d'autant plus difficile que la concurrence est de plus en plus rude et que la crise s'installe avec toutes les incertitudes internationales (terrorisme, conflit au Moyen Orient, l'affaire de l'Irak…) De par l'étroitesse naturelle du marché tunisien et la nature même de nos principales activités économiques (exportations, tourisme…), nous sommes condamnés à nous ouvrir sur l'étranger car nous en dépendons. Ajoutez à ces facteurs le ralentissement des recrutements dans certaines entreprises (banques, assurances, grands groupes…), l'arrivée en masse de nouveaux bacheliers (résultats du bac obligent !) et la concurrence au coude à coude des autres écoles de gestion et vous comprenez pourquoi il devient indispensable d'avoir un vrai « plus » pour mériter d'être recruté. Dans ce sens, le fait que beaucoup de diplômés avec mentions n'aient pu décrocher des inscriptions à des troisièmes cycles mérite d'être signalé et médité : l'inflation des moyennes ne devrait pas aveugler les étudiants. Le prestige de l'IHEC à travers des générations a été construit par ses étudiants de qualité et par la polyvalence de sa formation qui cadre avec la demande des entreprises tunisiennes, souvent des PME qui ont besoin plus de généralistes que de techniciens spécialistes de la gestion. Mais, aujourd'hui, avec l'arrivée de 1400 nouveaux étudiants en deux ans à l'IHEC, on est en droit de se demander s'il n'y a pas une dilution du niveau des étudiants et un nivellement forcé vers le bas. C'est aux étudiants de prouver qu'ils sont méritants, que les craintes sont infondées et qu'ils n'ont rien à envier à leurs aînés.
dimanche 17 juin 2007
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3 commentaires:
Qu'on le veuille ou pas l'IHEC regroupe l'élite des élèves tunisiens. Ceux qui y sont admis ont eu leur bac avec mention. Mais qu'on voit leurs résultats en 1ère année, on est en droit de se poser des questions: comment peut on passer de 14 de moyenne à 8 en quelques mois? Comment ça se fait que seulement 25% des étudiants réussissent en session principale alors qu'ils sont à priori de bons élèves?
Pour moi, il y a trois raisons : des étudiants démotivés, des profs dépassés et un système archaïque...
Je reviens à l'article, pour reprendre quelques éléments cités par M. Berrayana :
- l'enseignement des langues (je ne parle que de l'anglais): le niveau des étudiants est déjà faible à l'entrée et le ne fait que se détériorer pendant les quatre ans, les raisons sont multiples mais la situation est grave.
- la communication orale : comment peut on l'améliorer si on ne fait aucun exposé durant tout le cursus à l'IHEC. Personnellement en 4 ans et donc près de 45 cours je n'ai fait qu'un seul exposé. Parler en public ça s'apprend et il n'y a pas meilleur endroit pour le faire que les salles de cours. La faute ici incombe principalement aux profs et au système qui doit impososer ce genre d'exercice.
- l'inteligence émotionnelle : et pourquoi nous n'avons pas des cours sur ces thèmes à l'IHEC. Bien sur c'est plus important pour nous de faire de la recherche opérationnelle et de "diviser la ligne du pivot par le pivot" que d'apprendre les dernières techniques de management des hommes. C'est encore une fois la faute à ce foutu système qui préfère des diplomés ressemblant à des calculatrices que des têtes bien faites. Les profs ont aussi leur part de responsabilités puisqu'ils continuent à enseigner avec des cours qui datent d'il y a 25 ans alors que de nouvelles approches dans les différentes disciplines de management.
- la vie associative : je préfère taire ce point parce que avec 1 ou 2 associations dans une école qui compte 2000 étudiants on peut pas parler de vie associative.
Pour conclure j'appelle tous les responsables à changer les méthodes d'enseignement dans nos écoles de commerce. La méthode des cas est appliqué dans toutes les business school américaines depuis 30 ans, par les écoles françaises depuis 15 à 20 ans et nous à la traine continuons d'appliquer des méthodes qui ne font qu'anéantir les rêves d'une génération qui n'en a plus beaucoup.
je vais te faire un peu peur mais ya plus de 3500 étudiants a l ihec et puis pr donner juste une idée l'ihec a lart de te laisser de demerder tout seul et au final le resultat est pas mal. mais reste beaucoup a faire..
Bonjour,
C'est avec un plaisir certain que j'ai lu l'article de notre camarade Ben Rayana, ainsi que les commentaires non encore moins interressants , sur lequels d'ailleurs je suis tombé par hasard.
Ma frustration fut grande quand j'ai constaté à travers ces commentaires qu'apparament rien n'a chagé depuis que j'ai quitté cette venerable institution il ya maintenant plus de 14 ans.
Professeur démotivés, usés meme, completement depassés par la réalité de l'enseignement en gestion.permettez moi chers amis de vous confier que j'avais meme l'impression que certains d'entre eux etaient envieux du niveau, ultra brillant de certains de leurs etudiants.
Ne vous suffisez pas aux cours dispensés, lisez, lisez beaucoups,"musclez" vos connaissances en management et surtout en culture generale, c'est ce qui fera un jour la difference entre vous et les autres.
MD promo HEC DISCOVERY
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